Description
QUATRIEME : « Grâce à Molière, le vrai théâtre français est le seul où on ne dise pas la messe, mais où on rit, comme des hommes à la guerre – les pieds dans la boue, la soupe chaude au ventre et l’arme à la main –, de notre misère et de notre horreur. Cette gaillardise est un des grands messages français au monde », écrivait Jean Anouilh. Continuateur des fabliaux et de Rabelais, précédant aussi bien Voltaire que Sade, Marivaux que Hugo, Molière est un monde à soi seul. Si un homme l’a compris en profondeur, ce fut Suarès qui a écrit à son sujet parmi les textes les plus pénétrants, les plus jubilatoires qui soient. Référence majeure pour les hommes de théâtre, dont ses amis Jacques Copeau et Louis Jouvet, Suarès voit en Molière celui qui propose à l’intelligence une vue des passions qu’il met en scène pour s’en rendre maître, s’en libérer, et se prendre à ce jeu dans un éclat de rire. Dans un monde dominé par les passions tristes, Suarès nous invite, non pas à le lire seulement, mais à vivre au plus près de Molière, pour faire du père de Scapin et de Dom Juan, le plus gai, le plus lucide, le plus exaltant des compagnons sur notre route.
EXTRAIT : « Molière laisse un trait de farce, jusque dans l’oeuvre la plus grave et la plus amère. Curieusement, j’en cherche la raison. Il me semble toucher au fond même de son génie, et du génie français peut-être. Un certain sens de la vie s’y manifeste, tel qu’il se révèle aussi dans les gargouilles, en verrues sur le visage sublime des cathédrales. Il se cache, il erre parfois, et ne saurait se perdre. »
AUTEUR : André SUARÈS (1868-1948) fut poète, essayiste, critique littéraire, philosophe et moraliste. Il a publié plus de 80 livres de son vivant. Son œuvre, restée longtemps dans l’ombre, est à présent redécouverte.